A ta mémoire

Allons enfant en apatride
Tes jours de gloire sont terminés
Retrouve enfin l’esprit lucide
Dans quelle galère t’es embarqué ?
Des flots de balles qui tombent en pluie
Un brassard noir pour t’essuyer
Bien embourbé jusqu’aux chevilles
Fontaine de jouvence asséchée

Y’aura ton nom parmi des cents
Sur un bout d’marbre bien vite tagué
Tu laisses au moins aucun enfant
Ta connerie : pas perpétuée
T’auras enfin ta p’tite médaille
Dommage plus de torse à bomber
Plus aucun membre ou sens qui n’aillent
Et les viscères éparpillées

Refrain

On f’ra tes poches pour deux roupies
Un paquet d’clopes ou un briquet
En dernier job t’auras servi
Pour le plaisir des enfumés
J’prendrai ton fusil au passage
Y’en a bien un à canarder
A ta mémoire, c’est mon hommage
Pour toi pauv’ gars inanimé

T’as pas 15 ans, tu piques un somme
Malgré le rôle qu’était donné
A ceux d’ton genre, même pas des hommes
En première ligne, en bouclier
Ton sommeil sera bien profond
Ton dernier ami c’est Morphée
Près d’lui c’est la belle hécatombe
Puisses-tu ne pas t’réincarner

Refrain

En plus chanceux du camp voisin
Qui vivra deux-trois s’maines au moins
De plus que toi, c’est déjà bien
Pour s’faire tirer comme un lapin
Ou v’nir sur Terre en décideur
Seul but parvenir à tes fins
Crachant sur tous, même frères et sœurs
Pour du pouvoir, faire le tapin

Revenir sur une vie moins dure
En fonctionnaire ou opticien
Tu n’vois pas clair les temps sont durs
Du début du mois à la fin
Du cadre au ramasseur d’ordures
Tu t’fais pomper t’as une vie d’chien
Tu devras serrer ta ceinture
Autour du cou, c’est ton destin

Refrain

Refrain :

Message au soldat inconnu
Prie dieu auquel t’as jamais cru
Crois-mois c’est cuit, t’es bien foutu
A la merci d’balles non perdues
Trouve une raison pour espérer
Un p’tit sursis, revenir entier
Tu épates par ta naïveté
Puisses-tu ne pas t’réincarner